72 - Troisième suivi médical de neuf mois

Le jeudi 18 mai 2023

 

À nouveau, le rendez-vous pour le scan pulmonaire est prévu à 8 h.  J’avais initialement pensé descendre à Montréal la veille, mais j’avais l’immense plaisir de souper avec mes grands amis Monique et Gaétan au restaurant le Baccara, du Casino du Lac Leamy, le mercredi soir.  Pas question de manquer ça!  Il doit y avoir au moins cinq ans que nous ne nous sommes pas vus en personne.  Je trépigne d’impatience! Quelle joie!

 

Monique et Gaétan ont été propriétaires d’une cabane à sucre à St-Prosper, où ils vivent toujours.  Retraités acéricoles certes, mais toujours actifs dans le monde du voyage, Monique étant une accompagnatrice d’expérience.

Photo de mes amis Monique et Gaétan

Ce merveilleux couple est pour moi l’exemple modèle de la générosité, du don de soi sans limite. Le genre de couple qui accueille toute la ville dans sa cour chaque fin de semaine, vous voyez le genre? Ils incarnent ce qu’est l’amitié profonde : vraie, sincère, authentique.  Celle qui prend tout son sens dans les périodes difficiles; celle qui se réjouit dans les moments de bonheur partagé.  Celle qui fait fi de la distance et des absences prolongées.  Celle que l’on retrouve comme si pas une seconde ne s’était écoulée depuis la dernière accolade.

 

En vieillissant, j’ai l’impression de me revenir à mes racines : la famille et les amis.  Monique et Gaétan font partie de mes racines et c’est un pur plaisir de les retrouver.  On échange, on rigole, on se bidonne, et on rigole encore. Une amitié qui frise l’amour.

 

La soirée file à toute allure et ma montre me rappelle que le réveil viendra terriblement tôt demain matin.  Je quitte mes amis avec un petit pincement de cœur, mais la tête et l’âme rassasiées de notre complicité.

 

4 h, yashh!  La levée du corps est pénible, mais je ne peux m’attarder, la route m’attend.  J’aurais bien aimé être accompagnée pour cette visite médicale, mais Michel est malade.  Il sortira de l’hôpital aujourd’hui même.

 

Douche rapide, café, déjeuner… here we go!  5 h, drapée dans le silence, la 417 Est cligne des yeux sur mon passage.  Les arbres qui dormaient me font la tête d’avoir perturbé leur sommeil. Renfrognés, l’air grognon, ils bougent leurs branches sans conviction. La pénombre fronce les sourcils, il est trop tôt pour faire poindre les rayons d’un soleil pas encore levé même pour cette conductrice trop matinale.  Mais pour qui se prend-elle cette dame?

 

Perdue dans mes pensées, j’en oublie presque la route.  Je réfléchis à Michel qui se relève d’un autre défi.  Au cours des dernières années, il a dû faire remplacer ses deux hanches. Pas évident comme opération.  Voilà qu’une bactérie latente s’est réveillée dans son corps, elle menace d’attaquer sa prothèse gauche.  Les médecins sont étonnés qu’une telle infection apparaisse quatre ans plus tard. Les rejets ou les infections surviennent normalement très tôt après la chirurgie, s’il y a lieu bien sûr.  Les microbiologistes suivent donc la situation de près, parce que si la bactérie devait s’attaquer directement à la prothèse, ils devront enlever la prothèse, trouver une solution temporaire, puis réinstaller une nouvelle prothèse plus tard.  Ouf!.... Je suis fatiguée pour lui juste à l’idée, mais surtout, je m’inquiète.  Je croise les doigts et je prie mes anges.  Dieu sait que j’en ai beaucoup.

 

Oui, je sais que c’est cliché; oui, je sais que je me répète, mais de grâce : PRENEZ SOIN DE VOTRE SANTÉ! Y Obélix[1] [2] fredonnait : quand l’appétit va, tout va, mais JoAnnix chantonne plutôt : quand la santé va, tout va! 😉

 

Petit à petit, le pilote automatique de mon GPS cérébral m’amène à destination. La métropole montréalaise est bien réveillée quand je fais mon entrée vers 7 h 30.  La circulation fourmille et se faufile entre mes lignes[3] (sur la mélodie de Charlotte Cardin).

 

Routine habituelle : stationnement, entrée, masque, direction tomodensitométrie, maudite tite-jaquette, gros sac à vidange pour mettre mes effets personnels, j’attends mon tour.

 

La raison pour laquelle j’aurais tellement aimé être accompagnée aujourd’hui, c’est que j’ai un cadeau spécial à remettre à Dr Aoude pour m’avoir redonné le miracle de la vie.  Comme c’est un tableau de mon ami artiste Marco Henrie, impossible pour moi d’apporter l’œuvre d’art dans la salle de scan. J’aurais aimé que quelqu’un soit avec moi pour garder la pièce le temps de l’imagerie. Il me faudra donc attendre au prochain rendez-vous.  Tout compte fait, c’est peut-être un mal pour bien.  Mon prochain rendez-vous s’avère une pierre angulaire dans cette convalescence :  suivi d’un an! 

 

Aujourd’hui, les rôles sont inversés.  Normalement, je vois Dr Cury (le radio-oncologue) à l’heure pile, puis je dois attendre pour Dr Aoude (le chirurgien) dont les rendez-vous peuvent s’éterniser, on comprend pourquoi.  Aujourd’hui, cependant, Dr Aoude me voit une pleine heure avant le rendez-vous prévu, mais Dr Cury met une éternité à me rencontrer. 

 

Le plus important à retenir, c’est que le scan pulmonaire est toujours beau.  Je remets la question de la dernière fois sur la table avec Dr Aoude.  Devrez-vous refaire un scan ou un MRI des régions à risque pour s’assurer que rien n’est revenu?  Il semble que chaque fois que je vois Dr Aoude, j’apprends quelque chose de nouveau.  Il ne voit pas la nécessité de refaire un tel examen présentement.  Les scans et le MRI du début visaient à établir si le sarcome était localisé ou s’il s’était propagé dans tout le corps!  On ne m’avait jamais parlé de tout le corps!  Je savais que le sarcome était localisé au genou, mais je suis heureuse d’apprendre que Dr Aoude n’a pas de crainte que les cellules cancéreuses s’immiscent ailleurs dans les tissus mous.  

Graphique de poumons

L’inquiétude du jour, et pour les prochaines années, c’est de s’assurer que des métastases ne se forment pas au niveau des poumons.  Je suis confiante que les prochains scans seront aussi nets qu’aujourd’hui. 😊

 

Je repars, mon petit bonheur sous le bras.  À l’assaut de la 417 Ouest, j’ai bien l’intention d’aller me moquer des arbres dont l’inertie n’a plus sa place à cette heure.  Réveillez-vous fainéants de la nature, trémoussez vos branches sur la musique des bagnoles qui filent allégrement.

 

Si les arbres semblent immuables à mes taquineries, je perçois leur sourire en coin qui me dit :  à la prochaine « oiseau de l’aube »…

 

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