70 - Premier voyage depuis l’année « Gaspard »…
3 au 11 mars 2023
J’attendais ce moment depuis longtemps d’autant plus que je n’en pouvais plus de ce long hiver, j’avais besoin de couper cette saison de froideur et de neige perpétuelle. Avec les changements climatiques, on a l’impression que les saisons sont décalées. L’hiver tarde à venir, puis il se perpétue jusqu’à l’été en escamotant le printemps.
Bien que ce ne soit pas mon premier voyage seule, je suis toujours habitée d’une certaine fébrilité. Il faut dire que depuis la pandémie, voyager a pris une dimension complexe qui demande une planification minutieuse. À titre d’exemple, ma destination de cette année, la République dominicaine, demande maintenant un « e-ticket » pour entrer et sortir de l’île. Il faut remplir un formulaire en ligne de 24 à 48 heures avant le départ et, bien qu’on y lise que ce soit gratuit, impossible de compléter la transaction sans y ajouter son numéro de carte de crédit. Ce sont une centaine de dollars canadiens qui seront facturés à mon compte pour l’aller et le retour. En fait, même beaucoup plus pour l’aller (195 $ !), puisque j’avais choisi l’option « livraison urgente », craignant de ne pas recevoir la documentation à temps. En choisissant cette option, le site Web indiquait la somme de 35 $ US… Comment l’application a-t-elle pu convertir 35 $ US à 195 $ CAN? J’ai toujours l’impression d’être prise dans un attrape-nigaud et la nigaude, c’est moi. 😒 Mais voilà… à qui se plaindre? Le gouvernement de la RD ou le site qui accepte les paiements situé au New Jersey (étrange d’ailleurs)? Alors, on paye, on grince des dents, on soupire et on passe à un autre appel en se disant que nous sommes tout de même privilégiés de pouvoir se permettre de voyager. La misère des riches quoi…
Mon vol, direction Punta Cana, est à 6 h ce qui signifie pour moi un lever à 2 h! C’est diablement tôt, mais je préfère tout de même ces vols qui permettent de profiter de la journée une fois sur place. Arrivée à l’aéroport à 3 h 30, l’enregistrement se passe bien, mais aussitôt passée la sécurité, je constate que le vol est retardé à 7 h 30… Grrrr! J’aurais pu dormir jusqu’à 4 h! Pas que je sois surprise, il neige et, de toute façon, j’en arrive à me demander si les vols ne partent plus jamais à l’heure maintenant.
Enfin l’embarquement! Comme je le fais depuis plusieurs années, j’ai choisi un siège avec plus d’espace pour les jambes. Chaque fois, je chéris le retour sur mon investissement « siège », les quelques pouces additionnels sont tellement plus confortables dans ces petites boîtes d’acier où les genoux nous touchent le front. J’espère que je serai accompagnée de bons voisins d’allée. Je m’installe tranquillement surprise d’être la seule sur tout le vol à encore porter un masque. Non! Je n’ai pas le goût que mes voisins me crachent leur vie et leurs microbes au visage!
Depuis
quelques années, les voyages sont de plus en plus chers et, pourtant, les vols
sont de plus en plus dépouillés. Plus de
repas gratuit, plus de télé, plus rien… Qu’à cela ne tienne, je suis maintenant
aguerrie, j’ai gavé mon Kindle d’une
multitude de romans policiers et j’ai téléchargé films et séries Netflix sur
mon iPad (pour écouter en mode avion).
Selon mon humeur « lecture ou télédiffusion », je suis servie. Mon jeune voisin de siège m’annonce qu’il est
TDAH (trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité) et il aime
bavarder. Ça tombe mal, pas moi (hihi).
J’espère que son lever matinal l’amènera à roupiller un tout petit peu (sans
compter l’aide de sa maman qui vient de lui donner des Gravol), ce qui ne manque pas d’arriver, fiou… 😉
Une fois à destination, les choses roulent assez rondement jusqu’à mon arrivée à l’hôtel, le Royal Secret Beach Punta Cana; hôtel magnifique pour adultes seulement.
Au moment de l’enregistrement, je suis victime d’un phénomène qui m’arrive souvent et que j’ai baptisé avec le temps « discrimination contre les personnes seules », comme si quand on est seul au resto, en voyage ou ailleurs, on a droit à moins d’attention ou de services. C’est d’autant plus insultant qu’en voyageant seul, on doit payer un supplément pour personne seule!! Dans ce cas-ci, l’assistant gérant qui m’accueille me dit « comme tu es seule, tu n’as pas besoin d’un grand lit, on va te donner un lit double ». Ehhh, non!!! J’ai payé pour un grand lit dans une chambre avec vue sur la mer, je veux un grand lit avec vue sur la mer.
On m’a déjà dit : « la flatterie ne mène nulle part », ce à quoi j’avais répondu : « tu veux parier? » Je recours à ce manège, ratoureux diront certains, mais il faut ce qu’il faut. Je pourrais me choquer, mais d’expérience je sais que la flatterie permet de récolter de meilleurs fruits. C’est effectivement le cas, après avoir couvert Ernesto de compliments, il m’offre même un surclassement, mais je devrai attendre un tout petit peu, le temps que la chambre soit prête. Le jeu en valait la chandelle, j’ai une des très belles chambres de l’hôtel.
Chaque matin je me lève très tôt question de choisir mon emplacement sur la plage, mais j’adore surtout assister au lever du soleil, alors que les premières lueurs de l'aube percent l'obscurité, réveillant lentement la nature qui s'étire et se réveille doucement. L'horizon commence alors à s'embraser d'une palette de couleurs chatoyantes, allant de l'écarlate à l'orange vif en passant par le jaune or, comme si le ciel était en feu. Les ombres s'étirent et s'amenuisent alors que le soleil se lève progressivement, illuminant le monde de sa lumière dorée. Le lever du soleil, c’est un spectacle majestueux et poétique, comme une fleur qui éclot en accéléré. Je ne m’en lasse jamais.
Comme un chapelet de perles infinies, les jours s'enchaînent et se déroulent, chacun semblable au précédent. Je fais de très longues promenades sur la plage. À chaque pas, les cristaux chauds et scintillants du sable giclent entre mes orteils, comme de mini geysers dessinant des formes diverses, alors que je sature mes poumons d’air salin, doux et apaisant. La mer avale les traces de mes pas incrustés dans ce sol d’un blanc-beige qui aveugle par moment. Des traces, témoins d’un passage furtif, d’un instant fugace, qui vont se fondre dans l’éternité de l’océan à la découverte de la faune marine.
Sur ma chaise de plage, où je lis de longues heures, je m’imprègne de ce tableau vivant. Les moutons blancs houblonneux des vagues courent frénétiquement sur la mer, fuyant peut-être de monstrueuses créatures marines. La brise m’enveloppe et je me laisse bercer par le ressac régulier de la mer.
Nous sommes privilégiés, à l’aide d’une machinerie spécialisée, notre hôtel nettoie plusieurs fois par jour la plage devant nous qui s’étend à perte de vue. Les autres hôtels font plutôt appel au « jus de bras »!😬
Je vois ces Dominicains qui s’arrachent le cœur à balayer la plage des algues régurgitées par la mer. Ils transpirent leur vie au bout d’un petit râteau de la taille des cinq doigts de la main. Une tâche inhumaine s’il en est une; les piles de gauche sont mises à droite, puis celles de droite à gauche, une spirale infinie qui se déroule sans fin…
La semaine s'étire comme un chat paresseux, je profite de tout ce que l’hôtel a à offrir, puis arrive le moment où je dois plier bagage. La réalité me rattrape petit à petit. En fait, elle me frappe même en plein visage une fois arrivée à l’aéroport. On m’annonce que mon vol a 14 heures de retard!!! 😠 14 heures assise sur une petite chaise de métal, sans resto ou service pour les voyageurs en attente. Furieuse, vous dites! Oui, ce serait plutôt un euphémisme, mais je ne veux pas laisser cette bourde de Sunwing jeter une douche froide sur une semaine somme toute idyllique.
Je m’endormirai dans l’avion en rêvant des vagues, telles des ballerines gracieuses qui s’élancent sur la symphonie mélodieuse de la mer…
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