69 - Deuxième suivi médical de six mois

30 janvier 2023

Initialement, j’avais pensé partir très tôt lundi, mais Environnement Canada annonçait de la neige toute la journée.  Quelle surprise!  J’ai passé le printemps et l’été à voyager sous la pluie, je ne devrais pas être étonnée que la température ne m’épargne pas en hiver non plus.  J’irai donc coucher chez Michel, le dimanche 29 janvier, par prudence.

Dimanche matin, mes yeux froissés s’écarquillent doucement très tôt dans la pénombre.  Quelle heure est-il?  Ah zut, 5 h 30!  J’aurais bien profité de la douceur de mon matelas et de la chaleur des couvertures plus longtemps, mais je sais que je ne me rendormirai pas.  Aussi bien m’activer. 

Mes gendarmes félins m’attendent à la porte.  Ils m’accompagnent solennellement à la salle de bain pour le « pipi familial » matinal.  Toujours sympathique de soulager sa vessie devant le regard fixe de mes deux bibelots poilus… (pas vraiment non! 😊)

Routine quotidienne habituelle : bouffe des chats, litière des chats, petit cours de Pilates au sous-sol puisque je ne pourrai assister à mon cours de Pounds, suivi d’un bon café pour la maman des chats (moi 😉).  Je regarde dehors… Ah non!  Il neige à gros bouillons : une poudrerie déchaînée qui tourbillonne dans tous les sens. Moi qui pensais faire le trajet sous un ciel clément, ce sera pour une prochaine fois je suppose (soupir…).

J’avais prévu partir en après-midi, mais je ne veux pas prendre de chance.  Je prépare mon petit baluchon et quitte la maison à 9 h 45.  À peine sortie du garage, ce gris plafond atmosphérique me crache son venin blanc en plein pare-brise.  Les yeux vitrés de ma voiture clignent rapidement au rythme des essuie-glaces. Je sais que la route sera longue…

417 Est me revoici!  Ce n’est pas que la circulation soit lourde, mais elle est terriblement lente.  Les arrêts complets sont fréquents, j’entends le ronronnement des moteurs de mes comparses de route dont les nageoires métalliques frôlent les miennes. La cadence reprend doucement, mais 60 km/heure sur une autoroute, c’est d’un ennui mortel.  Il ne faudrait toutefois pas transformer l’ennui mortel en accident mortel, sois patiente JoAnne! 😒

L’horloge de mon tableau de bord affiche 13 h 15 arrivée à destination.  Trois heures et demie pour me rendre à Montréal, je pense que c’est mon record de longueur pour un si petit trajet.  Michel et Jean m’accueillent avec leur chaleur habituelle; une chaleur bienvenue par ce froid de canard.

Michel avait eu l’idée de nous offrir des billets pour l’exposition immersive Oasis –Transformé, au Centre des congrès de Montréal, suivi d’une réservation au Keg (mon resto préféré).  La journée n’est définitivement pas propice aux sorties, mais en bonne compagnie, on oublie les aléas climatiques.

J’aime découvrir les expositions et les nouveaux médias.  Cette exposition ne fait pas exception, la technologie est impressionnante, mais les thèmes sont terriblement déprimants, du moins pour moi.  Catastrophe nucléaire, mort, maladie, cécité, esclavage… ouf!  Je suis un peu ébranlée.  Depuis l’année « Gaspard », j’ai tendance à tourner mon intérêt vers du positif, de l’humour, des rires, bref des choses qui m’allument.  Ancienne grande avide de nouvelles, je les prends maintenant à petites bouchées. J’absorbe le malheur à petites doses.

Heureusement, le souper au Keg me revigore. Filet mignon et rires entre amis ne manquent jamais à leur promesse. J’en oublie même le froid qui me transperce. Le syndrome de Raynaud[1] a envahi mes doigts. Je n’étais vraiment pas habillée pour marcher dans le vieux Montréal sous la neige, mais il faut savoir profiter de ces occasions précieuses.

Lundi matin… vous avez deviné, il neige!  Étant donné la température, Michel se joint à moi dans la voiture, normalement comme il travaille ensuite, il préfère me suivre, mais pas ce matin.

Mon scan des poumons est prévu pour 8 h. Généralement, le processus est rapide et efficace, mais ce matin, un des appareils est brisé.  Je vois le temps passer et je commence à m’inquiéter.  Mon rendez-vous avec Dr Aoude est à 9 h 30 et nous y sommes presque.  Non seulement je sais que je serai en retard, mais ce qui me préoccupe, c’est qu’on nous demande d’avoir le scan au moins une heure avant le rendez-vous de sorte que le docteur puisse examiner les résultats avec le patient.  Michel a la gentillesse d’aller aviser la réception de la clinique.  On lui dit de ne pas s’inquiéter, ils nous glisseront dans l’horaire.

Enfin mon tour!... L’anneau de Saturne n’a pas changé d’un iota.  Il m’engloutit une fois de plus au son des :

-         Retenez votre souffle… respirez;

-         Retenez votre souffle… respirez;

-         Retenez votre souffle… respirez;

jusqu’à la fin de cette session de tomodensitométrie pulmonaire.

J’arrive en retard à mon rendez-vous, mais l’attente n’est pas trop longue.  Malheur!  La première personne à se joindre à moi dans la pièce est le résident du Dr Aoude, celui-là même qui avait été incapable d’enlever mon drain me forçant à rester à l’hôpital toute une fin de semaine de plus pour rien.  Je ne suis pas particulièrement heureuse de le voir, l’accolade ne sera pas pour cette fois-ci, mais bon… il apprend.

Dr Aoude arrive enfin et m’annonce fièrement que le scan des poumons est parfait.  Aucune trace de métastases à l’horizon. Yeah!

 

Scan des mes poumons

 

Je lui demande si ou quand j’aurai à nouveau un MRI pour nous assurer qu’une masse n’est pas revenue au même endroit.  Il me dit que je dois surveiller si je sens une bosse revenir, mais il examine mon genou chaque fois qu’il me voit.  Je discute ensuite des solutions possibles pour éliminer cette sensation que mon genou est constamment dans un étau.  Il réitère que c’est en partie dû à la radiothérapie et m’invite à continuer la physiothérapie. Il faudra donc que j’aille revoir Danny.

Arrive ensuite Dr Cury, mon radio-oncologue.  Il est très content des progrès.  Je lui repose la question sur cette sensation d’étau.  Intéressant, il n’abonde pas dans le même sens que Dr Aoude.  Selon lui, cette sensation n’est pas due à la radiothérapie, mais au fait qu’on a incisé ma peau avec un bistouri touchant du même coup les terminaisons nerveuses, puis il y a eu résection d’un muscle.  Je comprends bien la nuance, mais je suis un peu étonnée que les deux docteurs se relancent la balle. Ceci dit, j’ai tendance à pencher du côté de Dr Cury (malgré mon immense admiration pour Dr Aoude). La sensation est bien dans les muscles.  Quoi qu’il en soit, bien qu’on me dise que la sensation est normale, personne n’est en mesure de confirmer si elle partira (snif).  Pour le moment, je m’en accommode; pas que j’aie vraiment le choix.

Je reprends la route, mais cette fois, je dois reconduire Michel chez lui avant.  La neige n’a pas cessé.

De toute évidence, la 417 Ouest exigera elle aussi « 350 gallons » de lave-glace…  😉

Le ciel libère ses entrailles d’une avalanche de flocons.  Des pétales blancs qui virevoltent et couvrent les arbres d’une robe aux mille formes.  Je conduis comme une spectatrice d’un défilé de mode où les arbres se pavanent parfois vêtus d’une robe de dentelle, parfois couverts d’une écharpe aux cristaux étincelants. Certains ont cependant réussi à maintenir leur nudité, grands, fiers, les aiguilles au vent; une prestance que j’admire.

Malgré la grisaille, la luminosité de la neige m’oblige à porter des verres fumés. Pas évident de conduire dans ce tumulte des cieux, malgré la beauté ponctuelle du paysage.  La fatigue me gagne…

Arrivée à la maison à 15 h 00… direction bain chaud. 😊


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