60 - On gagne des degrés...
Août – début septembre 2022
Mon père était un travailleur de la construction. Il avait une vision 3D exceptionnelle et pouvait faire des calculs mentaux avec des équations, des degrés, des exposants, des coefficients de difficulté remarquable; le tout, à la vitesse de l’éclair. Un génie mathématique beaucoup trop modeste, inconnu d’ailleurs de plusieurs, qu’il aura mis au profit de sa profession.
Hélas, je n’ai pas hérité de sa virtuosité mathématique, mais je m’inspire de ses talents de construction pour ma propre reconstruction. Petit à petit, je gagne des degrés…
Je suis en réhabilitation depuis un peu plus d’un mois maintenant. Chaque jour, son défi; chaque semaine, sa petite victoire.
Depuis l’opération et le début de la physiothérapie, je suis passée de 0 degré à 50, 60, 78, 102, 108, puis cette semaine, 114 degrés. Si comme moi, vous vous interrogez à savoir quel est le nombre normal de degrés, disons que ma jambe gauche plie à 141 degrés[1]. Bien que 114o soit un beau progrès, il semble que j’aie maintenant atteint un plateau. Les prochains degrés se gagneront à pas de tortue. Il me faut à nouveau déployer ma patience défaillante.
Il faut dire que le programme de réhabilitation est exigeant. Danny a modifié et ajouté des exercices au fur et à mesure. Chaque session prend une heure quinze à une heure trente, selon la séquence et la tenue de chacun des exercices, mais il faut savoir que je dois faire trois sessions par jour que je varie un peu pour éviter la monotonie. Inutile de dire qu’au beep, beep de ma montre pour m’indiquer que l’heure est venue, mon cerveau s’enflamme : « Encore! Je viens de les faire! » 😳
Je nourris cependant ma discipline avec les petites victoires :
- Monter les escaliers normalement sans aide et sans traîner ma jambe (descendre est encore un peu compliqué par moment);
- M’asseoir correctement sur une chaise en pliant ma jambe, le pied bien au sol (avant il fallait que je m’assoie sur le bord du siège (oreiller dans le dos) pour que ma jambe touche par terre; droite d’abord, puis pliée petit à petit);
- M’agenouiller (bien que je ne puisse m’asseoir sur mes pieds encore).
Pas facile de se réapproprier son corps. Danny m’avait dit au départ qu’il était possible que je ne retrouve pas ma pleine flexibilité. Un coup poing au plexus solaire qui m’avait renvoyé au visage ma propre fragilité, ma vulnérabilité; mais un coup poing qui m’a aussi rappelé que c’est à moi d’agir.
J’ai en tête cette phrase entendue si souvent : « Le bonheur, c’est comme du sucre à la crème, si tu en veux, il faut que tu en fasses ». Qui se traduit pour moi par : « Des progrès, c’est comme les exercices, si tu en veux, il faut que tu en fasses. » 😉
Aujourd’hui, Danny parle plutôt de 8 à 12 mois pour regagner mon entière flexibilité. Mon genou ayant une « tête de cochon », on s’enligne pour le voyage avec détermination.
Évidemment, les progrès ne se calculent pas qu’en degrés. Certains des exercices ajoutés par Dany ramènent une certaine normalité à ma routine. À titre d’exemple, j’utilise maintenant mon vélo de spinning pour travailler ma jambe. Sur les recommandations du physio, il me faut tricher un peu dans les circonstances, c’est-à-dire que j’ai dû monter le siège de plusieurs pouces pour gagner en amplitude. Au début, je ne faisais que des demi-cercles d’un côté et de l’autre. Petite victoire, je passe maintenant la jambe dans un cercle complet des deux côtés (avant et arrière). Prochaine étape, descendre le siège petit à petit et augmenter la résistance. J’adore le feeling, j’ai l’impression de reprendre tranquillement le spinning.
Parmi les autres exercices qui me rapprochent d’un entraînement normal, on a ajouté le Bosu®. [3] Les exercices me permettent de travailler l’équilibre et renforcer les muscles abdominaux, en plus de ceux des jambes. Comme il faut un équilibre d’enfer pour travailler sur une surface ronde (d’où le travail des abdominaux), la prudence est de mise.
Une constante quotidienne cependant, la supervision et la participation active de l’auditrice en chef… Mme Cédille. Non, vous n’avez pas la berlue, elle bien couchée sur mon dos (plus facile pour les exercices prescrits quand elle est couchée sur mon ventre cependant, mais vous devinez que ce n’est pas moi le boss…).😂
Et le kinésithérapeute, M. Chatouille qui veille à l’autre programme d’exercices, pas celui du physio, mais celui que maman s’impose pour continuer de travailler le haut du corps (Ouf! Ça en fait beaucoup des exercices ça maman!).
J’ai aussi ajouté à ma renaissance physique, la massothérapie. Les mains et les bras d’Henderson, mon massothérapeute, pétrissent et assouplissent le bas de mon dos et mes hanches qui demeurent douloureux, malgré la panoplie d’étirements effectués. Henderson est un magicien du dénouement des nœuds. Je grimace atrocement quand ses coudes attaquent le nerf sciatique au haut du muscle fessier, mais bon, ça fait mal pour faire du bien… 😟
Le progrès le plus libérateur pour moi demeure la conduite automobile que j’ai pu reprendre depuis quelque temps. Retrouver son autonomie et son indépendance, ça n’a pas de prix!
Allez hop! On continue, on a d’autres victoires à remporter.
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