31 - The straw that broke the camel's back...
Vendredi 3 juin – 5e et dernier traitement
4 h 10 La radio me réveille. Yaasshhh! Je n’en ai rien à foutre de ce cadran ce matin. Mon corps est confortablement fondu dans le matelas et cette liquéfaction ne se prête pas à une époque jadis où je me levais comme un spring dès la première sonnerie. Cette époque est depuis longtemps révolue.
Ce qui n’est pas révolu cependant, c’est mon éternel combat quotidien visant à me lever pour aller m’entraîner. J’ai beau aimer l’entraînement, ça ne rend pas la levée du corps plus facile. L’ange de mon cerveau défend avec vigueur les bienfaits physiques et mentaux, alors que le démon qui s’y trouve aussi me demande pourquoi torturer cette machine humaine qui me sert merveilleusement bien? Le débat mental est houleux ce matin. Les arguments ange-démon se confrontent avec virulence. Toutes les excuses y passent.
C’est éventuellement JoAnne qui tranche et qui se lève en se rappelant qu’il me faut des jambes fortes pour la suite des choses. Arrête de chigner fatigante et lève-toi! D’ailleurs, comme mon départ est à 6 h, je dois faire vite.
Pile-poil comme j’allais sortir, Jo V arrive un peu avant 6 h et nous voilà reparties. J’avais eu un mini-moment d’exaspération après l’entraînement. La porte-patio, décorée dans son entièreté de gouttes de pluie, m’avait laissé croire qu’il pleuvait encore, mais Dieu merci, les averses semblent terminées. Fiou… on vient d’éviter une montée de lait frénétique et, honnêtement, tout à fait inutile.
La circulation est étonnamment fluide pour un vendredi matin. Sur place, la routine de ce dernier traitement est un copié-collé des quatre premiers.
Le traitement terminé, étonnement je n’ai pas l’euphorie de la mission accomplie escomptée. Je suis plutôt au neutre. Il faut dire que je suis fatiguée, pas vraiment par les traitements, mais par le voyagement, le travail, et son stress inhérent qui commencent à peser.
Avant de quitter, les infirmières me transmettent de nouvelles consignes : les effets secondaires peuvent se prolonger sur plusieurs semaines, pendant que la radiothérapie continuera d’agir. Je dois continuer à mettre de la crème au moins deux fois par jour sur la région traitée. Alléluia! Je peux enfin prendre une douche longue durée et effacer ses tatous au feutre permanent qui maquillent ma jambe depuis 10 jours.
Au revoir salles de traitement, bien que j’aie apprécié votre apport à la destruction de Gaspard, j’espère ne pas vous revoir, en toute amitié bien sûr. 😉
C’est la reprise du travail en après-midi qui m’achève complètement. Pour une raison qui m’échappe, les défis se sont multipliés de façon exponentielle au cours des derniers jours, et chacune de ces petites bombes m’éclate au visage une par une, en plein vendredi après-midi, alors que mon énergie est à son plus bas.
J’ai soudainement une poussée de fièvre brûlante et une écoeurantite aigüe qui m’accablent.
Serait-ce, comme diraient les "Chinois" : the straw that broke the camel's back[1] (la goutte qui fait déborder le vase)? Je m’étais pourtant promis d’écouter mon corps et de ne pas jouer les héros, il serait peut-être temps que je passe à l’action.
Samedi matin 4 juin - Michel me fait gentiment la morale, comme l’avait fait Jo V la veille, me rappelant que je lutte pour ma vie. Je n’aime pas entendre ces mots, ce n’est pas du tout ma vision des choses. Pour moi, il y a un écart important entre Gaspard et ma vie, il ne faudrait quand même pas confondre les enjeux. Mais fondamentalement, je sais qu’il a raison, même si je ne veux pas l’admettre dans ces mots. Toutefois, je suis reposée, j’ai repris du poil de la bête, et je me dis que mon rendez-vous de lundi avec Dr Aoude sera déterminant pour la suite des choses.
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