26 - Radiothérapie: premier traitement

Mercredi 25 mai – 1er traitement

Les aiguilles de l’horloge font leur arrêt matinal sur le 6 et le 9; il est donc 5 h 45 quand Christine arrive chez moi.  Tu dois être nerveuse, me dit-elle?  Est-ce que tu as eu de la difficulté à dormir?  Moi : pas du tout!  Zéro papillon dans l’estomac et j’ai dormi comme bébé.  C’est donc en toute sérénité que je prends le volant de ma voiture.

La 417 Est m’attendait… son asphalte cahoteux nous accueille avec l’hospitalité routière à laquelle je me suis habituée, celle qui nous mènera à Montréal.

8 h 30 nous sommes arrivées en avance, mais les techniciennes me reçoivent immédiatement.  Christine m’attendra à la cafétéria.  Moi, je suis docilement Juliana qui prend quelques minutes pour m’expliquer les consignes.  C’est dans la salle de traitement no 5 que je ferai mes débuts en radiothérapie.  Trois techniciennes se dévouent à préparer l’équipement, mais s’affairent surtout à immobiliser mes jambes sur le fameux moule conçu pour mon corps.  Chaque jambe a sa position bien précise, le but étant de rester stable et immobile.  Mes mains reposent sur le haut de ma poitrine question de les éloigner de la région traitée.

Image de l'intensité de la radiation sur la masse

Vingt minutes à peine suffiront à compléter le traitement. Juliana me permet de prendre cette photo de l’écran (à droite).  On y voit l’intensité des rayons selon le positionnement du sarcome.  Ces rayons me rappellent les ondes sphériques d’une vague qui s’estompent en s’éloignant d’un pivot central.  Dehors Gaspard!  Ta fin approche.

Marque verte sur ma jambe droite

Avant de quitter la salle de traitement, les techniciennes font un nouveau tatou sur cette jambe inerte, figée dans le temps.  Je devrai prendre des douches rapides me dit-on pour ne pas l’effacer (humm… pas évident).

 


Je rejoins Christine à la cafétéria. À 9 h 15, nous reprenons la route. Cette fois Christine prend le volant au cas où j’aurais un moment de fatigue.  J’ai prévu le coup, oreillers et couverture m’attendent sur le banc arrière, mais je « pète le feu », je n’ai besoin ni de sieste, ni de repos.  Mon kit de survie dormira seul sur la banquette jusqu’à notre arrivée.

Sur la 417 Ouest, je prends plaisir au spectacle des arbres qui se balancent de gauche à droite sur la musique du vent.  Ils se grattent la tête en me disant :  encore toi!!  Eh oui, encore moi!

Mais le spectacle n’est pas que divertissant, il est aussi désolant.  La semaine dernière, la région de l’Outaouais et d’Ottawa a été victime d’une tempête violente qualifiée de fortes lignes d’orages par Environnement Canada[1]. Dommages et sinistres sont nombreux; des gens y ont perdu la vie.  Au moment où j’écris ces lignes, certains citoyens n’ont toujours pas d’électricité.

En bordure de route, on ne compte plus les arbres qui sont tombés, abattus par la guillotine de la foudre ou fendus en plein cœur par la hache meurtrière de l’orage.  De si beaux arbres matures, probablement centenaires… quel dommage!

Mais les arbres ne sont pas les seuls décimés du paysage.  Les pylônes électriques ont aussi été victimes d’une crise cardiaque, affalés de tout leur long sur de grands terrains dénudés proches des terres agricoles. Ces branches métalliques font peine à voir.  Les techniciens d’Hydro One tentent des manœuvres de réanimation qui, j’en ai bien peur, resteront vaines.  Même la respiration artificielle ne suffira pas à insuffler le courant à ces structures sans vie. Pourtant, il faudra bien trouver une solution, la population dépend de ces mastodontes énergétiques qui, bien qu’ils manquent d’élégance, sont essentiels au train-train quotidien.  Bonne chance Hydro One, bonne chance Hydro Québec!

La route continue de défiler. Je serai bientôt chez moi, prête à reprendre le travail… jusqu’au prochain traitement.  Merci Christine. 1 done, 4 to go!

 

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