14 - 5e "représentation"... You got this JoAnne!

Vendredi 6 mai – 5e et 6e représentations

Levée tôt, je sais que cette journée viendra drainer mes émotions sur plusieurs plans; les collègues et la famille.

13 h 27, je me branche quelques minutes à l’avance pour accueillir mes collègues. Certains me connaissent à peine, mais ils sont présents, souriants, à l’écoute.  Je suis immensément touchée de leur présence.

13 h 31, flabbergasted, je n’ai pas d’autre mot pour décrire mon état d’esprit.  Ce sont près de 90 personnes qui se sont branchées en plein vendredi après-midi pour m’entendre parler de Gaspard et m’offrir leur appui.  Je suis sans mot, mais il faudra bien que je les trouve parce que je m’apprête à commencer la 5représentation.

En virtuel, je ne dispose pas de cat walk comme tel cette fois, alors je me recule de l’écran pour présenter Gaspard le renard… l’intrus rusé qui a élu de squatter à l’adresse « genou droit St-Gelais ». Bien que nous soyons toujours partiellement en télétravail, je choisis d’être physiquement sur les lieux du travail à Ottawa pour bien démontrer que c’est business as usual.  Les collègues verront donc en fond d’écran mon bureau. Les perceptions sont particulièrement importantes pour moi à ce moment précis.

Je demande deux faveurs à mes collègues.  Nous sommes en virtuel et, normalement, j’invite les commentaires et questions de toutes sortes dans le chat (forum de discussion en bordure d’écran).  Cette fois-ci, j’invite les collègues à m’écouter d’abord et quand je dirai GO, ils pourront utiliser le chat.  Sinon, je perdrai le fil de la conversation en voulant lire les commentaires, et je serai impolie soit pour les gens qui m’écoutent ou soit pour les gens qui m’écrivent.  Je promets des réponses à tous à la fin.  La deuxième faveur, vous l’aurez devinée, personne ne doit dire qu’il/elle est désolé(e).  Tout le monde est désolé, c’est dit , on passe encore à un autre appel.

À présent, vous pouvez chanter la chanson vous-même, la représentation vous la connaissez autant que moi.  L’histoire commence en décembre, photo de Gaspard, vidéo de Gaspard, bla, bla, bla, bla, bla. Je finis la représentation avec ma propre perspective, celle que j’ai partagée chaque fois avec mon auditoire.

Chacun d’entre nous fait face à des défis.  Si je faisais un tour de table, il y aura autant de défis que de gens autour de la table, peut-être même plus!

La vie, ce n’est pas une compétition de qui a les plus gros défis; la vie, c’est une question de comment on surmonte les défis avec les ressources qui nous sont disponibles au moment où les défis surviennent. La vie peut vous envoyer un tout petit défi, mais si le défi se présente au moment où vos enfants sont malades, ou alors que vous prenez soin de parents âgés en perte de mobilité ou qui sont pris par les chaînes d’une mémoire défaillante, ou encore au moment où vous faites face à des problèmes de couple… alors le petit défi devient une montagne.  Mais si le défi de taille se pointe à un moment où vous êtes à une bonne place mentalement et physiquement, alors le défi prend une autre dimension; une dimension surmontable.  C’est mon cas, je suis privilégiée, je suis à une bonne place mentalement et physiquement. Cela n’a pas toujours été le cas… comme tout le monde, j’ai eu mes problèmes, mais je suis reconnaissante de mon état actuel, il sera critique aux prochaines étapes.

Ne vous méprenez pas cependant, je suis très lucide quant à la côte abrupte et ardue qui m’attend.  Aussi clichée que l’expression puisse l’être, j’ai l’intention de prendre ça un jour à la fois.

Chuchoter
J’explique aux collègues l’importance pour moi d’être honnête, ouverte, transparente, c’est l’essence de qui je suis.  Je sais que je serai absente pendant un petit moment, alors je ne veux pas que les gens chuchotent dans les corridors[1] « what’s happening with JoAnne? »  « Oh
JoAnne!…. She has a condition… »
visage et voix feutrée. 
Ben non voyons donc!  JoAnne, « she doesn’t have a condition »! JoAnne, elle a un sarcome « and she’s dealing with it ».

Sur ce, je dis GO!   Le chat s’enflamme et ma patronne prend la parole.  Je la sens très émotive dans ses propos touchants à mon égard.  Bien que j’essaie d’en garder le contrôle, mes émotions prennent le dessus.  Et j’ai le « malheur » de lire les commentaires dans le chat.  Que de l’amour, de l’appui, des bons souhaits, de l’énergie… Je les embrasse tous virtuellement, mains sur mon cœur, je les remercie très sincèrement. La représentation est terminée, je ferme l’écran et je pleure ma vie!  Des gens que je connais à peine m’offrent de me faire la cuisine, le ménage, et j’en passe.  Je lis des pages et des pages de commentaires. Merci, merci les collègues! Vous êtes précieux pour moi 💖

 Mon commentaire favori (merci Tanya) qui est devenu l’image de mon desktop d’ordi :

 

Image: You got this JoAnne - bébé avec un poing déterminé

 

 

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