15 - 6e "représentation"... la plus difficile
Nous sommes toujours le 6 mai et je me prépare pour la 6e représentation, celle qui sera la plus difficile de toutes pour moi émotivement.
Je me suis invitée pour un 5 à 7 chez mon cousin Stéphane et sa conjointe (que je considère ma belle-sœur) Christine. D’abord, il faut savoir que Stéphane, ce n’est pas mon cousin, c’est mon frère. Ma maman est décédée quand j’avais 4 ans, je n’ai ni frère, ni sœur. À la mort de Simone (ma maman), c’est la sœur de mon père Gaston, Ghislaine (une sainte incarnée), qui nous a pris sous son aile, mon père et moi. Ses deux enfants, Stéphane et Sylvie sont devenus mon frère et ma sœur « d’adoption ». Mon père et moi avons habité chez ma tante pendant presque dix ans. Sylvie est mon ainée de trois ans et Stéphane, mon cadet de trois ans.
Sylvie étant la « grande fille », c’est plutôt avec Stéphane que je jouais toute petite. Nous en avons fait des niaiseries (aucun mauvais coup bien sûr… hihi) et Dieu sait que nous avons joué. Nous sommes ici sur la toiture de l’entrée du sous-sol à une époque où la neige tombait en quantité industrielle.
Stéphane, c’est mon frère (ce n’est pas mon cousin, c’est mon frère) et Christine, c’est un autre ange incarné. Toute ma vie, je les ai admirés. Si j’avais eu la chance d’avoir des enfants (le grand regret de ma vie), j’aurais voulu être comme eux. Ils ont toujours été un modèle exemplaire de parents aimants, engagés, présents… je ne vais même pas essayer de les décrire en qualificatifs, c’est impossible. Je dirai simplement qu’ils sont un modèle à suivre.
Je dois maintenant aller dire à mon frère que j’ai le cancer!.... Yeahhh! Demandez-moi si ça me tente!
Fidèles à leur générosité et à leur hospitalité, Christine et Stéphane m’ont invitée à souper, pas juste un 5 à 7, j’ai accepté avec plaisir. Nos soirées ensemble sont particulièrement agréables. J’ai toujours l’impression que Stéphane et Christine comprennent mon âme, ça vient toujours me chercher. Ce n’est pas rien quand même, mais ce soir, j’ai besoin d’une petite préparation mentale.
Dans un texto, Christine me dit qu’ils ont hâte de voir la surprise. Humm…. pour la surprise, on repassera! Je crains que ça ressemble plutôt à un coup de masse.
J’arrive chez eux, quel plaisir de les voir. Le temps passe toujours trop vite durant nos visites. Bisous, câlins, verre de vin ou de bière, c’est selon.
On passe dans la salle à manger, mon ordi est prêt, et je commence la 6e représentation. Cette fois, elle est plus détaillée, plus ciblée pour cette famille qui m’est si chère. La même danse recommence, mais avec plus d’informations pointues, je soupçonne à l’avance leurs questions, je suis prête. Une fois de plus, je vois des yeux de compassion, des yeux pleins d’amour. Une bruine de larmes se cache sous le regard de Christine, je salue son affection à mon endroit. Dieu que j’aime ces gens.
J’ai une question hyper importante à poser à Stéphane, mais je ne m’attends pas à une réponse immédiate. C’est une question qui demande mûre réflexion, elle a des implications importantes. Pour moi, elle est primordiale, mais il n’y a pas de mauvaise réponse. NON, c’est une bonne réponse. Je ne veux lui mettre aucune pression, aucune obligation.
Mon testament et mes papiers ont besoin d’une sérieuse mise à jour. Il y a encore des dispositions qui concernent mon père décédé en 2008. Je suis à ce point en retard. La mise à jour de mes documents urge. Michel est mon exécuteur testamentaire, mais dans son absence ou incapacité, est-ce que Stéphane accepterait de prendre la relève? Je lui dis que je n’ai pas besoin d’une réponse tout de suite, mais il est immédiat et sans équivoque, OUI. Comment dire à quel point je lui suis reconnaissante. Merci Stef 💖💖💖
Le souper est délicieux, porc, asperges et pommes de terre sur le BBQ. Sublime. Comme le souper se termine, je leur demande de partager la nouvelle avec ma nièce adorée, Claudelle. Je sais qu’ils trouveront les bons mots, bien meilleurs que les miens.
Au moment du départ, Stef m’offre un conseil précieux : Jo, à partir de maintenant tu dois être égoïste. J’essaierai, promis.
Il partage aussi ses sentiments profonds. Il m’explique qu’il est de nature à pleurer. Il ne l’a pas fait ce soir, mais il pleurera quand je serai partie. Ses mots résonnent dans ma tête « il se sent agressé par la nouvelle », je comprends tellement… On est deux!
Je sais qu’il composera avec la situation, mais je sais aussi que Christine veillera au grain, comme elle le fait toujours depuis tant d’années.
On se fait des câlins qui n’en finissent plus, mais qui font immensément de bien. Mon frère le sait, la vie continue et je dois aller faire dodo. Il n’y a plus de jus dans le citron ce soir[1].
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